Un bon point pour le Canada par rapport aux États-Unis : l’usage légal des mesures impériales↗ semble y avoir totalement disparu ; les distances sont en kilomètres et les masses en grammes. Les unités impériales restantes sont là essentiellement pour aider le consommateur à s’y retrouver —ça peut sembler paradoxal, mais ce n’est pas tellement différent de l’affichage des prix en monnaie locale dans les pays de la zone euro↗, qui subsiste, des années après l’introduction de l’euro ; certaines habitudes sont tenaces— : les cafés et sodas sont parfois vendus en onces↗ et les pizzas ou sandwiches (de Subway) en pouces↗ —de diamètre et de long, respectivement—, abrégés « po. » et non pas « in. ». On vous dira sans doute le prix des pommes en dollars par livre.
Même là où l’étiquetage est strictement en unités métriques, on remarquera que les contenances standard sont différentes de celles vue en Europe : par exemple, les canettes de soda sont le plus souvent de 355 mL, contre 330 mL en Europe, ce qui s’explique si on convertit pour obtenir 12 onces liquides US. De la même manière, le format des grandes bouteilles de spiritueux, 1,14 L, contre souvent 1 L en Europe, correspond à 40 onces liquides impériales (oui, il y a plusieurs types d’onces liquides : ça fait partie des joies des systèmes d’unités archaïques).
Hélas, presque partout, ce sont les stupides formats de papier américains, notamment le format « lettre » de 215,9 par 279,4 mm, qui sont utilisés, plutôt que les formats ISO, qui présentent pourtant de nombreux avantages. De plus, le papier standard est de plutôt moins bonne qualité que ce à quoi j’ai été habitué en France : tous les stylos à encre bavent dessus. On peut trouver des cahier séyès A4 chez Renaud-Bray, à condition de ne pas regarder à la dépense.
Le Canada est un pays dont l’identité et la culture incluent le bilinguisme, mais, au Québec, la seule langue officielle est le français↗ (Charte de la langue française, article 1) : ainsi, toute la signalisation routière est normalement écrite en français exclusivement. Il existe des exceptions ; d’autres langues peuvent être utilisées en plus du français dans certains cas (op. cit., article 22).
La Charte précise également que « le nom d’une entreprise doit être en langue française » (article 63). Ainsi, on trouvera des chaînes telles que « Les cafés Second Cup », « Café Starbucks Coffee » et les génitifs saxons sont généralement dissimulés (« Tim Hortons »).
Fig. 5 : Au Québec, toute la signalisation routière est en français. Les panneaux stop sont donc marqués « arrêt ».
Il apparaît clairement que les Québécois aiment la langue française et tiennent à en faire bon usage ; dans de nombreux cas —mais pas toujours— des mots seront adaptés au français alors que les francophones d’Europe de l’ouest emploieraient directement le mot anglais. Cette attention portée au respect de la langue se retrouve dans la typographie, bien mieux respectée qu’en France, en particulier pour les signes diacritiques sur les majuscules. On remarquera que le quotidien réputé Le Monde respecte beaucoup moins bien les recommandations de l’Imprimerie Nationale (française, pourtant) que, par exemple, le magazine L’Actualité.
Au Québec, c’est l’Office québécois de la langue française qui publie le dictionnaire de langue officiel. Il semble plus dynamique et près des actualités, technologiques notamment, que son analogue français qu’est l’Académie française.
Sauf indication contraire, toutes les versions françaises des mots suivants sont immédiatement compréhensibles par un Québécois.
Je ne liste ici que les mots et expressions que j’ai entendu de vrais Québécois utiliser spontanément : je ne fais pas confiance, par exemple, aux publicités pour représenter fidèlement le vocabulaire en usage au Québec. En effet, il semble qu’elles soient souvent le fait d’anglophones dont la maîtrise du français est imparfaite.
On me fait remarquer que ce terme de chandail est également utilisé en France dans certaines régions reculées (comme Paris). C’est un commentaire qui s’applique en fait à plusieurs des termes de ce lexique ; j’ai souvent entendu mes grands-parents utiliser le mot « char » pour désigner une voiture.
Il existe plusieurs explications plus ou moins plausibles pour ce nom, dont une qui ne manque pas de se moquer de dénominations anglaises ayant existé dans le passé, et qui se seraient divisées « naturellement » en trente centièmes.
Les mots et expressions qui suivent m’ont tout l’air d’être des traductions approximatives de l’anglais, mais j’ai pu me tromper dans mon jugement.
Dans les magasins et restaurants, les prix sont affichés hors taxes, comme aux États-Unis↗. Ainsi, dans les supermarchés, sauf pour l’alimentation, non taxée, il faut ajouter la TPS↗ (taxe fédérale) et la TVQ (taxe de province) au prix affiché pour obtenir le prix taxes comprises. En mars 2005, ces taxes s’élèvent respectivement à 7 % et à 7,5 %, soit un total de plus de 15 %. Comme aux États-Unis, également, il arrive que des promotions alléchantes soient assorties d’une limite comme « maximum 3 par client. » Je ne sais pas dans quel but ce genre de limite est imposé, ni si c’est particulièrement légal.
Pour les restaurants, c’est la même chose, si ce n’est que le service n’est pas inclus. Il faut laisser environ 15 % de pourboire↗ (un peu moins si vous êtes mécontent du service, un peu plus si vous en êtes très content—surtout si vous comptez être bien reçu lors de vos prochaines visites), et donc s’attendre à débourser un peu plus de 30 % de plus que ce qui est écrit sur le menu.
Le rabais postal↗ sévit lourdement en Amérique du nord ; les magasins annoncent fièrement un prix qui ne correspond pas à ce que vous allez payer. Par exemple, on pourra voir dans un catalogue un prix de 79,95 $ alors qu’il serait (un peu) plus honnête d’afficher 99,95 $ :
Fig. 8 : En 2005, le prix réel des produits « à 1 $ » est de 1,15 $. Ici, quatre produits « à un dollar » coûtent au total 4,60 $.
En résumé, vous sortirez du magasin ayant déboursé pas moins de 114,96 $. Le rabais postal ne couvre même pas les taxes : le prix annoncé de 79,95 $ correspond à une dépense effective de 99,96 $.
Un Européen habitué à voir affichés des prix TTC aura, au début, l’impression parfaitement justifiée de se faire escroquer plusieurs fois par jour. Puis il se résignera à se faire arnaquer régulièrement.
Dans les supermarchés, l’affichage du prix massique ou volumique n’est pas systématique et le choix de l’unité semble fantaisiste et aléatoire (c’est parfois en dollars par 100 g, ou en cents par 100 g). Cet affichage est très souvent supprimé pour les articles en promotion : on aura ainsi du mal à savoir s’il est intéressant d’acheter une marque réputée parce qu’elle se retrouve moins chère que la marque du distributeur, ou si tel n’est pas le cas.
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